mardi, avril 29, 2008

CONFÉRENCE SUR L’HISTORIQUE DU 1er MAI

CONFÉRENCE SUR L’HISTORIQUE DU 1er MAI
Organisé par le comité Libertad du Cégep du Vieux Montréal
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Mardi le 29 avril
à 18h00
Café étudiant L’Exode
Cégep du Vieux Montréal
255, rue Ontario Est
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Le 1er mai, les travailleurs et travailleuses prennent la rue pourmanifester leur mécontentement face à la précarité de leurs conditions detravail et pour commémorer les luttes passées.

Cette journée tire ses origines des perturbations sociales de 1886 àChicago qui menèrent à l'obtention de la journée de travail de 8 heures àl'échelle du pays. Malheureusement, cette grève ne fut pas sans perte pourle mouvement ouvrier; 5 militants furent exécutés.

Dans plusieurs pays, le 1er mai est un congé payé, dans d'autres, unejournée de grève. Par contre, au Québec, depuis l'application de la loi C-43, les centrales syndicales sont contraintes de se plier aux menaces deretrait du droit de grève, matant ainsi toute contestation.

Pour souligner la Journée Internationale des Travailleurs etTravailleuses, nous vous invitons le 29 avril, au café étudiant l'Exode, àune agréable soirée où deux conférenciers démêleront les idées préconçuesentourant cet événement. La présentation sera suivie de discussions dansune atmosphère musicale avec de la bière pas chère.

dimanche, avril 27, 2008

Des flics encore acquittés...


Le Devoir rapportait hier que 3 policiers ont été acquittés à New York, pour avoir tué d'une cinquantaine de balles un jeune afro-américain de 23 ans (non armé!), en 2006. Le jeune homme, Sean Bell, a été assassiné en sortant d'une discothèque où il enterrait sa vie de garçon. Le juge Arthur Cooperman dans son verdict a affirmé que «Les témoignages n'ont pas suffi à démontrer que les policiers avaient eu tort d'ouvrir le feu.»

Une centaine de personnes ont scandé «meurtriers!» et «honte à vous!», après l'annonce du verdict devant la Cour suprême du quartier de Queens, qui était protégé par d'importantes forces de police et survolé par des hélicoptères.

Le révérend Jesse Jackson, militant des droits des Noirs, a dénoncé une «parodie de justice». «Il s'est agi d'un massacre», a déclaré M. Jackson depuis Chicago sur la chaîne de télévision New York 1.

2 des 3 flics risquaient jusqu'à 25 ans de prison et le troisième accusé de «mise en danger d'une personne par une conduite imprudente», ne risquait qu'un an de prison!! Et tout ça s'est déroulé aux États-Unis, qui "représente" la terre de la liberté, de la justice et de la démocratie...

Les faits

Le 25 novembre 2006, cinq policiers en civil, dont les trois inculpés, surveillaient la sortie d'une discothèque dans le Queens. Pour une raison inconnue, ils avaient pris en chasse la voiture où se trouvaient Sean Bell et deux de ses amis.

Pensant, à tort, que les occupants du véhicule étaient armés, les cinq policiers ont fait usage de leurs armes, tuant Sean Bell et blessant grièvement un des deux passagers.

Le drame rappelle celui d'Amadou Diallo, un jeune homme d'origine guinéenne abattu d'une quarantaine de balles à New York en 1999.

Patrick Lynch, président de l'Association des policiers bénévoles de New York, a salué un verdict qui «envoie un message clair aux officiers de police de New York, qui peuvent s'attendre à un traitement juste et équitable devant les tribunaux».

Un assassinat de plus pour les forces de l'ordre qui demeurera impuni.  Mais il ne faut surtout pas croire que l'abus de pouvoir, les meurtres racistes et la brutalité policière sont des phénomènes strictement Étatsuniens.  

Une brochure publiée récemment par le Collectif Opposé à la Brutalité Policière, nous rappelle qu'ici aussi le crime au main de l'État s'appelle droit...D'ailleurs, cette brochure avait du être retirée du CMAQ après une mise en demeure envoyée par la Fraternité des policiers et policières de Montréal.  Toute vérité est bonne à dire, mais faut-il encore avoir le droit de la dire!

Le droit de grève encore attaqué! Le gouvernement ontarien vote une loi spéciale contre la grève du transport en commun de Toronto


Aujourd'hui, dimanche, les députés Ontariens sont rentrés au boulot!!! Malheureux de travailler le jour du seigneur, ils ont voté une loi, qui va marquer la vie de milliers d'individus, en 31 minutes!!! C'est ainsi que fut voté la loi spécial forçant le retour au travail des milliers de syndiqués de la Toronto Transit Commission qui avaient déclenché, vendredi, une grève générale.

Le droit à la grève de nouveau la cible des gouvernements

Différentes provinces, mêmes problèmes! On se rappelle qu'il y a un an, le gouvernement menaçait d'avoir recours à une loi spéciale pour casser la grève des employé-e-s de soutien de la STM, cette menace suffit à faire accepter plusieurs reculs dans une nouvelle convention collective bidon! Plus récemment, cette automne, les chauffeur-euse-s ont tout fait pour éviter d'en arriver à une grève de peur de tout perdre face à une menaçante loi matraque!

À Toronto, le gouvernement a été beaucoup plus rapide que son équivalent Québécois. Deux jours seulement après le déclenchement du débrayage, il impose sa loi. Une loi matraque, qui prévoit de lourdes amendes aux travailleur-euse-s résistant-e-s et qui oblige le syndicat et la TTC à recourir à un arbitre ou un médiateur et ce, afin de signer une convention collective d'ici 90 jours maximum. Comment espérer que les employé-e-s auront gains de cause, considérant les discours répétés des conservateurs qui affirment avoir atteint la capacité de payer des contribuables!!!

Les réformistes au secours de la réaction!!!

La NEFAC et le RAME, lors de la dernière campagne électorale appelait au boycott des élections. Le réformisme électoraliste ne nous mène nul part! Une preuve de plus aujourd'hui avec l'appui du NPD au projet de loi spéciale. «We faced the reality that there is no better option," said NDP Leader Howard Hampton, whose party supported the law with some reservations.» Les syndiqué-e-s sont certainement heureux d'apprendre que le coup de couteau qu'ils ont recu directement dans le dos, était fait avec quelques réserves!

Pour sauver l'économie et l'Ontario, le NPD devait bien montrer l'exemple! Il faut être responsable. Des travailleur-euse-s qui font la grève dans un secteur aussi vital, c'est dangereux pour la paix social et donc, de surcroît pour leur position social. Cela montre à quel point, peu importe le parti, les parlements et députés sont soumis au grand capital.

Le Parlement devient dans ce cas, l'un des outils les plus efficaces dans la grande croisade de la bourgeoisie contre le droit de grève. Les différents partis ont tous leurs avantages, les conservateurs utilisent la pogne de fer ouvertement et publiquement, alors que les réformistes se cachent derrière une belle façade, ce qui leur permet de préserver la paix sociale!

Les limites du dicours nationaliste!
Les nationalistes de tout acabit essaient de diviser ontariens et québécois, francophones et anglophones. On remarque pourtant facilement les points de similitudes entre la situation des travailleur-euse-s de la STM et de la TTC.

Nos gouvernements réciproques utilisent les mêmes armes et les mêmes arguments. Eux, travaillent ensemble, s'échangent de l'information et s'épaulent mutuellement dans des situations de crises. Parce qu'au delà, il y a la classe dominante. Classe sociale qui tente par tous les moyens, non seulement de casser la contestation des travailleur-euse-s, mais aussi l'ensemble de leurs outils de lutte, particulièrement les syndicats! Non contente de nous voir diviser sur des bases nationalistes, elle essaie de nous diviser sur d'autres motifs, afin d'avoir devant elle une classe ouvrière morcelée en d'innombrable petits groupes sociaux insignifiants!

Partout au Canada, en occident et même dans le monde le droit de grève est la cible des capitalistes! Lock-out, fermetures d'usines, utilisation de scab ou utilisation du pouvoir répressif de l'État sont devenu monnaie courante pour les travailleur-euse-s du monde entier. La guerre que mène le capital est mondial. Elle! elle ne fait pas la différence entre les nations! «Une grève s't'une grève! Un travailleur s't'un travailleur peu importe le pays! Pis un syndicat s't'un paquet de trouble partout sa planète!!!»

L'importance de s'unir pour résister

Le droit de grève une fois de plus attaqué! Les parlementaires se font encore les appendices du pouvoir économique en imposant une loi anti-sociale contre nos camarades ontarien-ne-s! Le nationalisme et l'électoralisme ne peut que nous nuire. Nous devons, nous rassembler au delà des frontières avec des gens qui partagent les mêmes intérêts que nous! Nous devons, refuser de participer à leur mascarade électorale, refuser d'élire nous même ceux et celles qui nous attaqueront sans cesse pour la défense des riches et des grands de ce monde!

Affirmons notre pouvoir et notre désir de defendre notre droit à la grève dans la rue et non dans les urnes. Apportons notre solidarité aux travailleurs Ontariens et aux travailleuses Ontariennes qui viennent de subir une attaque de plus à leur droit à la grève.

Sur les traces de l'anarchisme au Québec

Tiré du blogue Voix de Faits de nos camarades de La Nuit (NEFAC-Québec)

Lux vient de sortir le premier ouvrage d'importance sur l'histoire de l'anarchisme au Québec.

Il y a 10 ans, on ne savait rien de l'histoire des idées libertaires au Québec. Et puis un militant s'est mis à s'intéresser sérieusement à la question. Des textes sont apparus dans des publications confidentielles --Branle-base, Sabotage-- nous racontant l'histoire du premier groupe anarchiste montréalais (Frayhayt). Puis sont venus des ateliers au Salon du livre et, finalement, une série de textes dans Ruptures (la revue de la NEFAC). Au fil des publications, de nouvelles informations faisaient surface amenant de nouvelles pistes de recherche. De fil en aiguille, une trame est apparue et le squelette d'un livre.

«Sur les traces de l'anarchisme au Québec (1860-1960)» reprend donc l'essentiel de ces textes publiés ici et là et les enrichit des nouvelles informations inédites. On y suit les tribulations de plusieurs générations de révolutionnaires issus de l'immigration (française, juive, espagnole, notamment) ayant échoués sur les rives du Saint-Laurent ainsi que leurs alliés et camarades natifs de l'endroit. Au passage, plusieurs révoltes --grèves, émeutes ou les deux-- auxquelles les anarchistes ont pris part sont tirées de l'oubli.

Il existe une quantité impressionnante de travaux sur l'histoire de l'anarchisme en Espagne, en France, en Russie et dans un certain nombre de pays d'Europe et des Amériques. Normal, à un moment ou un autre l'anarchisme y a exercé une influence importante dans le mouvement ouvrier allant même, dans le cas de l'Espagne et de l'Amérique latine, jusqu'à être la force motrice du mouvement révolutionnaire. Rien de tel dans la belle province, ici l'anarchisme n'a jamais vraiment pris racine dans la classe ouvrière. De là à dire que l'anarchisme n'a pas d'histoire au Québec, il y a un pas que ce livre nous empêche enfin de franchir.

Sur les traces de l'anarchisme au Québec (1860-1960)
Mathieu Houle-Courcelles, Lux, Montréal, 2008, 280 pages

Lancement du fanzine Casse Sociale et du nouvel album de Jeunesse Apatride.


Le 16 mai, nos camarades du RASH-Montréal (Red and Anarchist Skinheads) font le lancement de leur premier no de leur nouveau zine Casse Sociale, un fanzine antifasciste. Ce sera aussi l'occasion de voir ou revoir Jeunesse Apatride qui feront le lancement de leur nouvel album, qui promet d'être encore une fois aussi engagé! De plus, en première partie il ya aura 3 excellents bands :Hold A Grudge (Hardcore de Montréal), Bonito, un membre de Cavalier Noirs (Hip Hop de Montréal) et Webster (Hip Hop de Limoilou).

Militantisme et bons bands! Bref, une soirée que vous ne pouvez absolument pas manquer!

Quoi? Lancement de Casse Sociale et du nouvel album de Jeunesse Apatride.
Où? Bar St-Laurent 2-5550 St-Laurent
Quand? Vendredi le 16 mai @ 20h
Combien ? 5$

Pour plus d'infos: Casse Sociale

vendredi, avril 25, 2008

Northeastern Anarchist #13


Le no 13 (printemps 2008), du Northeastern Anarchist est maintenant disponible. NE, est la revue anglophone de théorie et d'analyse de la NEFAC.

The Northeastern Anarchist is the English-language magazine of the Northeastern Federation of Anarchist-Communists (NEFAC), covering class struggle anarchist theory, history, strategy, debate and analysis in an effort to further develop anarchist-communist ideas and practice.

Pour voir le sommaire...


mercredi, avril 23, 2008

Le peuple a faim? Qu'il fasse la guerre!!

Les journaux du jour font la joie des grands capitalistes de l'économie de la mort et de la destruction. On peut y apprendre que le Canada, en grande nation pacifique, accroît encore et toujours son budget militaire, pour apporter la paix et la démocratie en Afghanistan.
Récemment, un billet sur le blogue relatait l'achat d'un nouveau joujou technologique, soit le nouvel obus à 150 000$ des militaires canadiens.

Un article du Devoir rapporte que les Forces canadiennes vont bientôt équiper leurs soldats avec un nouveau gadget technologique de communication permettant "(...) grâce à des satellites, des GPS et des lunettes numériques, d'atteindre un niveau d'efficacité en terrain hostile jadis réservé au monde irréaliste du jeu vidéo (...)". Le ministère de la Défense entend faire une entente avec ses "amis" de l'industrie militaire d'ici les 4 prochaines années.

Les coûts estimés du projet seraient de plus de 310 millions de dollars sur dix ans soit de 2004 à 2014. Les militaires enthousiastes à l'idée d'envoyer leurs p'tits gars tester leur nouveau matériel, espèrent que les soldats pourront être équipés d'ici 2012. Malheureusement, puisque la mission risque officiellement de prendre fin en 2011, nos combattants de la liberté, devront se trouver un autre pays à envahir pour rentabiliser leur investissement. Selon leur porte-parole, Tanya Barnes: «Ce montant inclut les coûts relatifs à l'équipe de gestion du projet, les coûts liés aux tests et à la mise en service, en plus du coût relatif à l'achat de l'équipement. Ce montant comprend aussi le soutien pour les deux premières années. Ceci est un coût estimé et non pas un budget final». Évidemment, lorsqu'on conclue un marché avec l'industrie militaire, les dommages collatéraux budgétaires, sont toujours des risques inhérents.

La technologie dénommée "soldat du futur", dans le milieu de la défense et «projet d'équipement intégré du soldat» (PEIS), par l'armée est un système digne des classiques de la science-fiction.

(...)D'abord, les soldats seront équipés de capteurs insérés dans le tissu de leurs vêtements de combat. Ces petites puces électroniques communiqueront sans arrêt avec un satellite qui pourra inscrire en temps presque réel (délai de quelques secondes) leurs déplacements sur une carte géographique de l'endroit. Les commandants à la base pourront suivre de près l'opération (...)
(...) Les soldats en mission pourront eux aussi savoir où se trouvent leurs collègues déployés, puisque tous les fantassins auront sur eux un système GPS, lui aussi relié au satellite. L'image satellite permettra également de voir le déplacement des ennemis presque en temps réel. Grâce au GPS, le soldat saura si un insurgé se déplace de l'autre côté de la colline ou à l'arrière d'un immeuble (...)
(...) Si un soldat repère un tireur embusqué ou une cible à abattre, il communique l'information par radio à son commandement, qui décidera ensuite si une frappe aérienne ou un mouvement de troupe est nécessaire pour appuyer les hommes en mission. Si les coordonnées sont erronées ou que la cible bouge sans que les corrections soient apportées, c'est l'erreur assurée et un chiffre de plus dans la colonne des «dommages collatéraux». Le système de visée intégré aux lunettes du soldat permettra au contraire d'enregistrer la position exacte de la cible et son mouvement. Les données seront donc plus précises. (...)

En plus du Canada, la multinationale franco-allemande EADS équipe aussi les autres pays de la coalition, tels que la France, la Grande-Bretagne, l'Espagne, les États-Unis, l'Australie et l'Allemagne. Selon, EADS, cette technologie pourrait être aussi utilisée pour tout déploiement d'envergure qui nécessite de bien contrôler et comprendre le terrain, tel que les Jeux olympiques ou une catastrophe de grande envergure.

À quand l'utilisation de cette technologie de contrôle par nos flics et nos patrons?

Par ailleurs, des journalistes ont obtenu copie d'un rapport de la Défense nationale daté du 25 janvier 2008, révélant que le coût de la mission militaire canadienne est d'environ un milliard de dollars par année. Un coût représentant plus du double des estimations de 402 millions de $.

Une crise alimentaire planétaire, des gens qui crèvent des horreurs du capitalisme à chaque jour, des coupures dans les services publics de tous les pays occidentaux, mais des budgets militaires qui ne cessent de s'accroître en occident...Messieurs les politichiens, auriez-vous peur de la colère des précaires?


Mais qu'est-ce qui reste de la gauche au Québec?

Un texte bien interessant trouvé sur le web...

Une analyse concrète du nouvel impérialisme "made in québec" en Haiti.

A lire absolument...

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Où est passée la gauche au Québec?
Par Yves Engler

Depuis le dernier siècle une ligne a sépare la gauche à travers le monde. D’un côté on trouvait les «forces progressistes», celles qui voulaient appuyer l’impérialisme et la guerre, habituellement en retour pour un «siège à la table» ou autre avantage du pouvoir. L’exemple le plus commenté de l’appui de la gauche à l’impérialisme a été lors de la Première Guerre mondiale quand la majeure partie de la Deuxième Internationale s’est mise du côté de sa propre classe dirigeante et de ses gouvernements dans la boucherie qui a suivi. De l’autre côté de la ligne, on trouve ces personnalités et organisations qui maintiennent une position de principe en faveur de la réelle démocratie pour tous les habitants de la planète et s’opposent à l’impérialisme et au colonialisme sous toutes ses formes, spécialement quand leur classe dirigeante y est impliquée.

Pour en venir à se demander: quelle sorte de gauche nous reste-t-il au Québec? Pour tenter de répondre à cette question, le cas d’Haïti est édifiant. Des corporations établies dans cette province telle que SNC-Lavallin, Ste-Geneviève Resources et Gildan Activewear ont récolté leurs mises avec le renversement le 29 février 2004 du gouvernement élu d'Haïti. Le gouvernement du Québec a fourni au gouvernement issu du coup d’État un important appui politique. «Plusieurs ministres haïtiens sont venus en visite au Québec, particulièrement à l’automne 2004» rapporte le site Internet du gouvernement. Durant le règne du gouvernement issu du coup d’État, Jean Charest a effectué le premier voyage officiel de l’histoire d’un Premier Ministre du Québec en Haïti (Le site Internet du gouvernement du Québec proclame que Charest a rencontré le Premier Ministre installé par les États-Unis, Gérard Latortue, quatre fois). Ces visites ont permis de faire progresser une série d’initiatives dans l’éducation et la justice prises par cette Province visant à subordonner davantage la souveraineté politique haïtienne. Et depuis le coup d’État, les forces de police du Québec sont à l’avant-garde pour le rétablissement du contrôle de l’étranger sur la force de police haïtienne. Les politiciens qui ont concocté la décision d’Ottawa de participer au renversement du président élu haïtien, Jean-Bertrand Aristide, étaient tous des membres du Parti Libéral du Québec (Pierre Pettigrew, Denis Coderre et Denis Paradis). Ces politiciens fédéralistes ont agi avec le ferme appui du Bloc Québécois. À titre d’exemple assez significatif, lors d’un meeting du Comité Permanent des Affaires Étrangères et du Commerce International, le député du Bloc Québécois Pierre Paquette émettait des critiques à l’endroit du NDP (New Democratic Party/ Nouveau parti démocratique) à cause de l’utilisation du mot «removal» («qui veut dire renversement») pour décrire ce qui était arrivé le 29 février 2004 à Aristide. Paquette insistait pour exiger d’ Alexa McDonough du NDP l’usage du terme «départ» à la place.

En tant qu’état capitaliste avancé, l’appui du Québec à l’impérialisme occidental en Haïti ne devrait pas surprendre. Il y a déjà une trentaine d’années, le Parti Québécois déclarait qu’un Québec indépendant continuerait à être membre de l’OTAN, du NORAD et même du Commonwealth. Ce qui est surprenant, c’est de voir à quel point la «gauche» a été partie prenante de l’impérialisme québécois. Un récent rapport publié par Alternatives, considéré comme l’une des organisations non gouvernementales les plus à gauche du Québec, offre un bon signe sur l’attitude coloniale de cette province vis-à-vis d’Haïti. La déclaration la plus troublante dans le rapport intitulé «Haïti: Voix des acteurs» nous dit: «Dans un pays tel qu’Haïti, où la culture démocratique et le concept de bien commun n’ont jamais pris pied, et où la signification d’élections et de représentation est limitée aux élites éduquées, et en particulier à ceux qui ont reçu une éducation citoyenne dans les mouvements sociaux (1). »

D’après Alternatives, les Haïtiens sont trop stupides pour savoir ce qui est bon pour eux, à moins, pour ainsi dire, d’avoir été éduqués par une ONG étrangère. Le rapport, qui a été financé par Ottawa, est rempli d’autres attaques contre les Haïtiens et le mouvement populaire local. «Haïti: Voix des acteurs» n’est tout simplement que le dernier exemple du soutien (presque unanime) de la «gauche» au Québec à l’intervention occidentale en Haïti.

Au plus fort de la campagne de déstabilisation contre le gouvernement élu, en février 2004, la plus importante fédération syndicale de la Province, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), a manifesté ouvertement son opposition au gouvernement haïtien. Le 12 février, la FTQ publiait un communiqué de presse partial pour condamner le gouvernement d’Aristide. Le 16 et le 17 du même mois, Fernand Daoust, l’ex-dirigeant de la FTQ, à l’instar des représentants des deux autres plus grandes fédérations syndicales du Québec, a fait partie d’une délégation syndicale internationale opposée au gouvernement haïtien. La délégation attira de façon significative l’attention des médias en Haïti et à son retour d’Haïti, Daoust était cité dans les médias du Québec dénonçant le gouvernement d’Aristide. Le 1er mars, un jour après le renversement du président élu par les Marines des USA, la FTQ faisait paraître un communiqué de presse célébrant la libération de militants syndicaux et faisant appel à la communauté internationale pour «aider les Haïtiens à construire la démocratie dans leur pays».

Les condamnations par la FTQ du gouvernement élu d’Haïti se faisaient au moment même où une invasion de paramilitaires parrainés par la CIA (conduite par des malfrats bien connus tels que Guy Philippe et Jodel Chamblain) terrorisait le pays. Parallèlement, une campagne bien orchestrée et financée internationalement (principalement par les États-Unis, la France et le Canada) de déstabilisation contre le gouvernement haïtien était en cours. Il est évident que les critiques émises par la FTQ à l’endroit du gouvernement haïtien ont contribué à la réussite de cette campagne de déstabilisation qui a servi à justifier la participation du Canada au coup d’État. A ma connaissance, la FTQ n’a pas fait de commentaires sur la destruction du syndicat des chauffeurs après le coup d’État, les bureaux de la Confédération des Travailleurs Haïtiens (CTH) qui ont été attaqués en septembre 2004, les menaces de mort par la police contre le dirigeant de la CTH, Loulou Chéry en décembre 2004 ou les innombrables violations des droits humains après le coup d’État.

La FTQ, aussi bien que la troisième plus grande fédération syndicale de la province, la CSQ, sont membres de la Concertation pour Haïti (CPH) – à l’instar de Développement et Paix, Amnesty International (chapitre du Québec ), Entraide Missionnaire et une demi-douzaine d’autres ONG. La CPH est un groupe informel qui étiquetait Aristide de «tyran», son gouvernement de «dictature» et de «régime de terreur» et à la mi-février 2004 demandait son renversement. L’antagonisme manifesté par la CPH à l’endroit du Parti Lavalas d’Aristide n’était pas simplement un avatar du soulèvement politique de février 2004._La CPH a repris les assertions faites précédemment par l’élite dirigeante haïtienne que Lavalas avait lancé une «Opération Bagdad», où il est question de policiers qui ont eu la tête tranchée. De nombreux observateurs ont fait remarquer que l’«Opération Bagdad» était simplement de la propagande en faveur du coup d’État destinée à distraire l’attention des méfaits du gouvernement de facto, particulièrement du meurtre d’au moins cinq pacifiques manifestants pro-constitutionalistes le 30 septembre 2004.

Dans une lettre datée du 27 janvier 2006 à Allan Rock, l’ambassadeur du Canada à l’ONU, la CPH et l’organisme Droits et Démocratie basée à Montréal ont repris les exigences de l’extrême droite pour l’intensification de la répression dans le plus grand bidonville du pays et bastion du soutien au président renversé, Cité Soleil. Une quinzaine de jours après une « grève» du secteur des affaires réclamant des attaques plus soutenues par les troupes de l’ONU contre les «gangsters» à Cité Soleil, la CPH a mis en question les «véritables motifs de la mission de l’ONU». Cette lettre demandait aussi si les forces de l’ONU étaient là pour «protéger des bandits armés plutôt que pour restaurer l’ordre et mettre fin à la violence». Critiquer les troupes de l’ONU pour leur mollesse à Cité Soleil détonne face aux preuves montrant la brutalité dont elles ont fait preuve, avec entre autres une attaque meurtrière contre un hôpital telle que documentée par des groupes de solidarité de militants canadiens anglophones peu avant la lettre de la CPH. Bien sûr, l’exemple illustrant le mieux la répression menée à Cité Soleil, c’est le raid du 6 Juillet 2005 visant à tuer un dirigeant de «gang». Cette opération a fait au moins 23 morts civils. (voir le film de Kevin Pina Haiti: The UNtold Story qui documente la criante brutalité des forces de l’ONU.)

Le Centre d’études internationales et de coopération (CECI, en français) est l’une des principales ONG du Québec impliquées en Haïti à ne plus faire partie de la CPH. Un an auparavant, un porte-parole du CECI me disait qu’ils ne se sentaient pas à l’aise avec la nature politique de la CPH. Cependant, à la veille du coup d’État, le porte-parole honoraire du CECI, le chanteur haïtiano-québécois et nationaliste québécois en vue, Luc Mervil, était à la tête d’une manifestation à Montréal réclamant le renversement d’ Aristide. Ce groupe a aussi publiquement endossé l’occupation par l’ONU. Le 31 janvier 2007, leur porte-parole disait au quotidien Le Devoir que «l’interventions musclée menée par la Minustah [les forces de l’ONU] dans les zones chaudes de la capitale avait refroidi les ardeurs des groupes armés.
Nous pouvons maintenant circuler plus librement dans la capitale»._Six jours avant la parution de ces remarques, un raid mené par les soldats de l’ONU contre Cité Soleil avait fait cinq morts et une douzaine de blessés, selon l’ Agence France Presse. Un mois plus tôt, le 22 décembre, un assaut mené par la Minustah contre Cité Soleil (publicisé par ses architectes comme une opération contre des «gangs armés» prétendument responsables d’une recrudescence des kidnappings) a laissé sur le terrain des dizaines de civils tués et blessés, y compris des femmes et des enfants. L’Agence France Presse indiquait qu’au moins 12 personnes avaient été tuées et «des dizaines d’autres» blessées, un bilan dépassant une quarantaine. Une organisation haïtienne de droits humains, AUMOD, rapportait 20 tués. L’Agence Haïtienne de Presse faisait part de «très sévères dégâts matériels» par suite de l’attaque des Casques bleus de l’ONU, et des inquiétudes concernant «l’éventualité d’un très sérieux problème d’alimentation d’eau à cause des citernes et des conduites d’eau perforées par l’impact des projectiles».

L’endossement public par Les ONG québécoises (et les syndicats) de l’intervention occidentale en Haïti est parti de loin pour décourager l’opposition au coup d’État. Tout aussi important, les ONG citées plus haut font intégralement partie de la stratégie américano-canadienne d’appui à l’opposition de la classe moyenne au mouvement Lavalas. Trop souvent, les projets des ONG par ricochet ont divisé le mouvement populaire en orientant les protagonistes politiques haïtiens vers desinitiatives sectorielles aux dépens d’un mouvement de masse. Les O NG étrangères ont directement miné le mouvement Lavalas en finançant uniquement des groupes de l’opposition. En juin 2005, par exemple, un représentant d’Alternatives, François L’Ecuyer, admettait que tous les 15 groupes avec lesquels travaille Alternatives en Haïti sont anti-Lavalas.

La différence entre la gauche au Québec et la gauche au Canada anglais concernant Haïti est frappante. Les syndicats canadiens-anglais, les groupes anti-guerre et les médias radicaux se sont généralement montrés réceptifs à l’idée que le Canada avait participé à un coup d’État sanglant en Haïti. Quand des médias progressistes tels que The Dominion, New Socialist Magazine ou Canadian Dimension ont publié leurs plus récentes éditions consacrées à l’impérialisme canadien, ils ont tous inclus au moins un article détaillant les crimes commis par le Canada en Haïti. À l’inverse, au plus fort de la répression appuyée par le Canada en Haïti, la publication «radicale» québécoise À Bâbord! faisait paraître une édition consacrée à l’impérialisme canadien qui ne se donnait même pas la peine de mentionner le rôle joué par le Canada dans ce pays.

L’histoire n’est pas différente en ce qui a trait aux groupes anti-guerre et aux syndicats. Les filiales de l’Alliance canadienne de la paix se sont généralement prononcées et ont milité contre le rôle du Canada en Haïti. Cependant, quand des membres du groupe montréalais Échec à la guerre a voulu faire passer une (timide) condamnation de l’implication du Canada en Haïti, deux de ses membres, l’Organisation catholique pour le Développement et la Paix et AQOCI (un groupe parrainant une vingtaine d’ONG du Québec), s’y sont opposés. Dans les mois qui ont suivi le renversement du gouvernement élu d’Haïti, des progressistes au sein du
Congrès canadien du travail (CLC) ont essayé de faire passer une résolution critiquant le rôle du Canada dans le renversement d’Aristide et l’appui apporté à une dictature criminelle. La FTQ, qui se réserve le privilège des relations avec les pays de langue «française» au CLC, a œuvré à endormir l’opposition au sein du CLC. De même, Le Monde Ouvrier de la FTQ a promu la ligne dure pour la propagande anti-Aristide en octobre 2004.

Le mois dernier la FTQ a fait paraître un rapport de 59 pages sur Haïti qui passe tout simplement sous silence le coup d’État et les événements qui ont suivi. Comment peut-on discuter sérieusement de l’avenir d’Haïti sans même mentionner le coup d’État? La FTQ discuterait-elle de l'avenir de l'Irak sans tenir compte de l'invasion menée pas les États-Unis? Pour dire que ce rapport en arrive le moindrement à faire allusion au coup d'État de 2004, c'est quand il s'en prend à la plus importante fédération syndicale d'Haïti, la CTH, à cause des sympathies de cette dernière envers Lavalas.

C’est sans aucun doute l’exemple le plus déplorable qu’il y ait, d’un groupe «radical» s’alignant avec l’impérialisme en Haïti, tel est le cas de Québec Solidaire. La porte-parole de Québec Solidaire, Françoise David, est allée en Haïti alors en proie aux crimes perpétrés par le gouvernement putschiste et, à son retour, comme un perroquet elle reprenait publiquement (sur les ondes de Radio Canada et ailleurs) les opinions de l’élite, jetant le blâme pour la violence sur les sympathisants du gouvernement renversé d’Haïti. Le 9 mars 2006, Françoise David prenait la parole à un événement organisé par la Concertation pour Haïti en compagnie de Danielle Magloire, un membre du «Conseil des sages» qui avait nommé Gérard Latortue Premier ministre du criminel coup d’État. À la mi-juillet 2005, Magloire émettait une déclaration au nom des sept membres du «Conseil des sages» proclamant que tout média qui donnerait la parole à des «bandits» (code pour désigner les partisans d’Aristide) devrait être fermé. Elle affirmait aussi que le Parti Fanmi Lavalas d’Aristide devait être banni des élections à venir. L’unique exemple, qui nous vient, de Québec Solidaire exprimant publiquement son opposition à l’intervention en Haïti, aura été une seule phrase prononcée par un candidat de ce parti qui se présentait dans un comté largement habité par des gens de la communauté haïtienne de Montréal. Ce parti a même gardé le silence quand en mars 2006 le Premier ministre du Québec Jean Charest a festoyé avec le dictateur du régime de facto Gérard Latortue encore tout couvert de sang.

Plus de quatre ans plus tard, cela devrait sauter aux yeux que le coup d’État a fait un tort immense à Haïti. Il s’en est suivi une terrible vague de répression appuyée par les autorités, une augmentation des kidnappings et d’autres troubles sociaux parallèlement à une multiplication du prix des besoins de base. Également, la majorité pauvre d’Haïti a rejeté la politique canadienne à maintes reprises, et de façon encore plus évidente avec l’élection de René Préval, un proche d’Aristide, comme président. Face à une presse internationale et nationale presque unanimement hostile, ils sont des dizaines de milliers à continuer à manifester pour exiger la fin de l’occupation et le retour d’Aristide. Un mois auparavant, entre cinq mille (Associated Press) et dix mille personnes (Haiti Liberte) gagnaient les rues à Port-au Prince le jour marquant le quatrième anniversaire du coup d’État. Donc, pourquoi face à une telle évidence (de faits documentés dans de nombreux livres, films, etc.) la «gauche» québécoise continue-t-elle à appuyer une brutale lutte de classe avec les institutions de cette province liguées contre une population déjà appauvrie?_Se pourrait-il que ce soit à cause des nombreuses compagnies basées au Québec qui font des affaires en Haïti? Ou le fait que le gouvernement d’ Aristide faisait la promotion de la langue créole aux dépens du français? Peut-on l’expliquer par le rôle que jouent en Haïti les missionnaires du Québec? Ou bien est-ce que les ONG québécoises ont tout simplement été achetées par l’argent de l’aide canadienne?

Depuis l’époque de François (Papa Doc) Duvalier, les missionnaires du Québec ont un rôle prépondérant en Haïti. Beaucoup de membres du clergé qui ont dû laisser le Québec durant la Révolution tranquille dans les années 1960s ont pris le chemin d’Haïti pour travailler sous la brutale dictature de Duvalier (qui avait pris le contrôle de l’Église). Cette relation s’est poursuivie au cours des ans, Haïti accueillant plus de missionnaires canadiens que tout autre pays de l’hémisphère occidental. Au grand dam de l’Église catholique, le gouvernement d’Aristide a appuyé le vodou, en légalisant les mariages, baptêmes et funérailles vodou en mai 2003. Certaines des ONG québécoises les plus férocement anti-Aristide, plus spécifiquement Entraide Missionnaire et l’organisation catholique Développement et Paix, ont des attaches religieuses. (En mars 2006, un document d’appui de Développement et Paix disait ceci: «Les médias internationaux ont entouré le départ d’Aristide le 29 février 2004 avec des ‘théories de conspiration’, allant dans certains cas jusqu’à déclarer que la CIA avait renversé le président par un coup d’État… En fait, Aristide lui-même a été largement responsable des circonstances qui ont amené son départ forcé.»)_Ma rencontre avec une religieuse québécoise qui administre un couvent où je prenais logement au Cap-Haïtien, la deuxième ville d’Haïti, fournit un indice sur la façon de penser des missionnaires du Québec. Elle me disait qu’Aristide était le plus gros trafiquant de drogues du pays et quand j’ai voulu en savoir plus, elle a préféré me répondre qu’elle n’était pas là pour faire de la politique, mais bien pour aider les gens à s’en sortir.

L’importance des missionnaires du Québec en Haïti ne devrait pas être minimisée. Le couvent où j’étais au Cap-Haïtien était la plus grande institution dans la région. En outre, les missionnaires du Québec jouissent depuis fort longtemps de l’appui officiel. Les débours initiaux de l’aide canadienne à Haïti ont été destinés à l’œuvre missionnaire et, en 1964 le Premier ministre Lester B. Pearson justifiait l’envoi en Haïti d’un navire canadien en faisant remarquer: «Si des religieuses ou des prêtres canadiens devaient être blessés ou tués, il nous serait difficile d’expliquer pourquoi le gouvernement canadien n’avait pas… pris une initiative quelconque.»

Encore plus important que le rôle des groupes religieux à lier la « gauche » québécoise à l'impérialisme en Haïti, c'est le nombre élevé d'ONG internationales dans cette province. À la fin des années 1960, Ottawa étendait énormément son aide aux nations francophones de façon à apaiser le nationalisme québécois. Antérieurement, l’aide canadienne se concentrait sur les ex-colonies de la Grande Bretagne nouvellement indépendantes. L’aide à la Francophonie était destinée à convaincre les nationalistes québécois que le gouvernement canadien voyait d’un bon œil la culture francophone. Le grand nombre d’ONG internationales du Québec financées par l’ACDI (et les emplois qu’elles fournissent) témoigne de la politique du gouvernement fédéral (Ottawa) de vouloir s’allier les Québécois pour les objectifs de son aide en général. (En outre, le gouvernement du Québec octroie beaucoup plus d’assistance au développement que tout autre gouvernement provincial, en grande partie pour projeter l’héritage linguistique de cette Province.) La dépendance de l’argent gouvernemental peut expliquer la position de plusieurs ONG sur Haïti. La plupart des groupes qui ont appuyé l’intervention canadienne en Haïti, y compris les syndicats (par le biais du Centre international de solidarité ouvrière), ont durant longtemps reçu de l’argent pour travailler en Haïti de l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Et l’après-coup d’État en Haïti aura été une bonne affaire sans commune mesure pour les ONG du Québec — Elles ont reçu des dizaines de millions de dollars du gouvernement canadien (et québécois).

Les ONG canadiennes œuvrant en Haïti viennent pour la plupart du Québec. La raison en est simple: la perception qu’elles ont d’une langue commune. L’Aide canadienne au développement à Haïti explique ainsi l’importance d’Haïti pour le Québec: «Étant le seul pays indépendant de langue française en Amérique latine et dans les Caraïbes, Haïti est d’une importance spéciale pour la préservation de la langue et de la culture françaises.»_Mais la plupart des Haïtiens ne parlent pas français, ils parlent le créole. Le français est la langue de l’élite en Haïti et la langue a été utilisée comme un mécanisme par lequel elle maintient ses privilèges. Un groupe québécois en Haïti presque invariablement renforce l’influence du français. Le gouvernement Aristide avait (avec succès) affaibli l’influence du français, ce qui sans aucun doute aura contribué à lui aliéner plusieurs Québécois «progressistes». Ce qui porte un individu à appuyer activement l’impérialisme est difficile à cerner. Mais en tant que très bruyant critique anti-Aristide, Fernand Daoust de la FTQ nous fournit d’intéressantes hypothèses. Daoust, qui est l’un des défenseurs attitrés au Québec de la langue française, siège au conseil d’administration de la Fondation Paul-Gérin-Lajoie (du nom d’un ex-dirigeant de l’ACDI). La Fondation Gérin-Lajoie enseigne en Haïti au niveau des écoles primaires en français et est bien connue pour son opposition au Créole, la langue parlée par tous les Haïtiens. Daoust en voulait-il à Aristide à cause de la promotion du créole? Peut-être que non, mais son opinion de la politique haïtienne a, semble-t-il, été influencée par des gens que cela dérangeait pour leur part.

L’ex-dirigeant du plus grand syndicat de la province a aussi des liens révélateurs avec des secteurs de «Québec Inc.», qui ont bénéficié de l’interruption de la démocratie en Haïti. Quand Daoust est allé en Haïti en février 2004, il ne travaillait plus pour le syndicat depuis une décennie. Mieux que cela, il était devenu le conseiller spécial du président de la FTQ pour sa branche s’occupant des investissements, le Fonds de solidarité, dont il a fait une source de capitaux s’élevant à $7 milliards de dollars. Le Fonds contrôlait 12% (une fois jusqu’à 16%) du plus grand fabriquant mondial de t-shirt, Gildan Activewear de Montréal; il détenait un des trois sièges d’observateur au conseil de la compagnie et son nom était cité extensivement dans les rapports financiers internes de Gildan. (Trois mois avant le coup d’État, le Fonds annonçait vouloir vendre ses très profitables actions de Gildan à cause des informations faisant état des horribles conditions de travail pratiquées par Gildan au Honduras. Cependant en février 2007 le quotidien La Presse rapportait que le Fonds détenait encore un nombre significatif d’actions de Gildan).

Au moment du coup d’État, Gildan avait une manufacture à Port-au Prince et projetait de fermer le reste de ses opérations en Amérique du Nord pour s’étendre en Haïti et en République dominicaine (ce qui a déjà été fait). Gildan était aussi le principal sous-traitant pour Alpha Industries, propriété d’Andy Apaid, chef du Groupe 184, l’opposition locale à Aristide. Directement et indirectement, Gildan employait jusqu’à 5000 personnes dans le secteur de l’assemblage en Haïti. On peut deviner que, et Gildan et Apaid étaient offusqués par la décision du gouvernement d’Aristide d’augmenter le salaire minimum de 36 gourdes par jour (équivalant à plus ou moins $1 dollar US à l’époque) à 70 gourdes en février 2003._Quelqu’un de la connaissance de Daoust au Fonds de Solidarité ayant des contacts avec Gildan lui aurait-il émis des critiques contre Aristide?

Daoust maintient aussi des liens avec les principaux bénéficiaires des projets de reconstruction du gouvernement canadien de l’après-coup d’État en Haïti, SNC-Lavallin basé à Montréal. (SNC est sans doute la principale corporation du «capitalisme de désastre» au Canada.) En tant que représentant du Fonds, Daoust siège au conseil d’administration du Conseil de Montréal des relations étrangères, à l’instar du vice-président de SNC-Lavalin pour les Amériques et nombre d’autres ONG pro-coup d’État. De même il est aussi membre du conseil d’administration de l’Université de Montréal avec Bernard Lamarre, président de SNC-Lavalin. En 2004, le Fonds faisait l’acquisition de Papeterie Gaspésia de Chandler pour $350 millions de dollars avec SNC-Lavalin et un autre associé._Les contacts de Daoust avec les représentants de SNC-Lavallin l’ont-ils amené à offrir son appui à l’intervention occidentale en Haïti?

En février 2004, Daoust en privé s’opposait au gouvernement élu haïtien, alors que lors d’une conversation à l’automne 2007, il avouait sa faible connaissance d’Haïti. Il ne voulait même pas s’embarquer dans ce sujet sans recourir à des notes. Daoust admettait qu’après le coup d’État il avait été surpris de rencontrer des Haïtiens de Montréal qui continuaient à appuyer Aristide.

Finalement, il semble exister quatre raisons structurelles qui ont conduit la gauche québécoise à participer à la brutale intervention occidentale en Haïti: la langue française, les missionnaires, les corporations basées au Québec et les dollars de l’aide canadienne. Tout cela mis ensemble on trouve le nationalisme. La gauche ramasse la prime pour ses décennies d’alliances avec des éléments nationalistes de la classe dominante.

Que reste-t-il de la gauche au Québec? Cette espèce qui est prête à se mettre du côté de ses patrons et des patrons d’Haïti contre la majorité pauvre des Haïtiens. Cette sorte de gauche qui couche avec l’impérialisme. En grande partie la gauche au Québec s’allie même à Ottawa et Washington contre une grande partie de la gauche de langue anglaise.

Durant des dizaines d’années la gauche de langue anglaise au Canada a été impressionnée par la militance et la vigueur dont faisaient preuve les syndicats du Québec, les partis politiques et les organisations de base. Si l’exemple d’Haïti peut servir à quelque chose, il serait plus que temps qu’ils commencent à regarder ailleurs pour trouver l’inspiration.


Traduit par Guy Roumer.
Yves Engler est auteur de Canada in Haiti: Waging War on the Poor Majority (avec
Anthony Fenton) et Playing Left Wing: From Rink Rat to Student Radical.

Nouveau blogue!

Enfin nos camarades de Sherbrooke on mis en ligne leur nouveau blogue!

Seulement quelques textes, mais ça vaut le déplacement



http://nefac-sherbrooke.blogspot.com/

lundi, avril 21, 2008

Débat : Wal-Mart, boycott et lutte des classes


Des camarades de la NEFAC-Montréal, ont publié un texte en réponse d'un article sur le boycott dans le mensuel de nos camarades français d'Alternative Libertaire. Cette réponse parue en février qui s'intitule:"Débat : Wal-Mart, boycott et lutte des classes", est le résultat d'un désaccord sur un article ayant pour thème la stratégie du boycott, écrit par un sympathisant de Capital Terminus Collective (un collectif communiste libertaire d'Atlanta). Nos camarades d'AL ont donc permis à 2 d'entre nous d'ouvrir le débat dans les pages de leur publication. Nous vous présentons donc ici la réponse.


L’article « Boycott Wal-Mart ! Leçons d’un échec » publié dans Alternative libertaire d’octobre 2007 a suscité deux réactions. La première de deux communistes libertaires canadiens de la Northeastern Federation of Anarchist-Communists (Nefac). La seconde d’une camarade de Seine-Saint-Denis qui a souhaité mettre en lumière la politique spécifiquement sexiste de Wal-Mart.


Le boycott comme action politique est une stratégie qui commence à se répandre dans l’univers militant nord-américain et québécois. Mais derrière l’enthousiasme pour un « nouveau » mode d’action se cache une croyance naïve en la possibilité d’un capitalisme éthique.
La stratégie du boycott prend naissance dans un courant réformiste qui prétend que la consommation est une forme d’action politique. « Acheter c’est voter ! », tel est le mot d’ordre d’une certaine gauche, plus soucieuse de s’acheter bonne conscience que de résoudre radicalement le problème social. Selon eux, une « consommation éthique » pourrait contenir en elle les germes d’un contre-pouvoir au capitalisme. Elle permettrait ainsi l’émergence d’une société plus égalitaire pour contrecarrer les effets néfastes de la mondialisation néolibérale.

Un capitalisme à visage humain ?

Cette stratégie a été élaborée par une certaine gauche bien pensante mais aussi par certains éléments plus radicaux. Selon eux, il y aurait deux façons de « voter » par la consommation : l’achat et le refus d’acheter (le boycott). D’un côté on cible quelques formes de commerces éthiques pour lesquels on encourage la consommation. De l’autre on attaque certaines compagnies soupçonnées de porter en elles tous les maux du capitalisme.
Cette théorie repose sur la croyance en un capitalisme à visage humain qui serait dénaturé par « quelques » compagnies. Il y a derrière cette vision, une hiérarchisation des différents capitalismes, quelques uns d’entre eux jugés bons et éthiques, et d’autres non. Ainsi la production nationale est préférable à la production étrangère et le système artisanal est jugé moins aliénant que le système industriel.
Le boycott est souvent prôné pour faire fléchir la politique d’une compagnie sur une pratique précise, tel que le travail des enfants. Aussitôt que la compagnie change ses pratiques, la consommation n’est plus blâmée et la bonne conscience occidentale est préservée. Cependant, nos âmes bien pensantes cessent au passage de s’inquiéter des conditions de vie et de travail des ouvrier-e-s appelés à remplacer ces enfants.
Certains éléments de la gauche radicale, quant à eux, considèrent le boycott, ou la consommation responsable, comme un pas à franchir vers la fin du capitalisme. Si McDo tombe sous le poids du boycott, il y aurait possibilité de passer à une compagnie suivante pour ainsi ébranler l’ensemble de l’édifice capitaliste.

Articuler boycott et lutte des classes

Toute cette vision est incohérente. Elle s’attaque au problème par la fin – la consommation – et non par le moyen qu’est la production. La consommation n’est que la façon d’échanger les marchandises produites ; les rapports sociaux inégaux, l’exploitation et le profit sont le résultat du mode de production. C’est donc par une lutte de classe que nous parviendrons à mettre le capitalisme en déroute.
Il n’y a pas de hiérarchie de capitalisme. Il n’existe pas de compagnies qui méritent plus d’être boycottées et d’être l’objet de notre haine. Elles sont toutes bien ancrées dans ce système et doivent leur profit à l’exploitation de leurs employé-e-s.
La consommation comme moyen d’action politique est perçue comme une fin en soi et non comme un moyen de solidarité avec les travailleurs. Lorsqu’un conflit de travail éclate, il peut être stratégique d’appeler au boycott. Mais là encore, ce sont les travailleurs et les travailleuses qui doivent en décider. Même chose pour le travail des enfants : les travailleurs et les travailleuses occidentaux doivent être solidaires des luttes des pays du Sud par des actions telles que le boycott. Mais ces actions doivent être bien intégrées à une stratégie globale axée sur la lutte de classe !

mercredi, avril 16, 2008

En grande primeur: Le programme politique des primitivistes enfin expliqué...

































L'anarcho-primitivisme est une doctrine politique qui s'appuie sur un rejet radical de la civilisation industrielle, celle-ci étant considérée comme la source principale des différentes formes d'aliénation qui pèsent sur la liberté humaine.

Les anarcho-primitivistes prônent alors l'avènement d'une société qui s'inspirerait des sociétés pré-industrielles, en arguant que les sociétés primitives étaient des exemples convaincants de sociétés anarchistes.

Les principaux "arguments" des anarcho-primitivistes sont les suivants :
-Critique de la culture symbolique.
-Rejet de la domestication de l'environnement (agriculture et élevage)
-Rejet du pouvoir patriarcal vu comme conséquence de la domestication.
-Critique de la division du travail et de la spécialisation des tâches.
-Rejet de la science moderne et mécaniste.
-Critique de la technologie.
-Rejet de la production et de l'industrialisation.
-Rejet de la société de masse.
-Défense de la révolution comme moyen de changement social.
etc etc etc...

(source--et oui, ils utilisent largement l'internet pour diffuser leurs propagande anti-civilisationnelle et anti-technologie..)

Quelques citations pour agrémenter le tout:

« De plus est-il possible de préserver et de "démocratiser" l'écriture sans nuire à l'environnement? »
La Mauvaise Herbe vol.7 no.1

« Tel un cancer, la multiplication de ces cellules comporte la possibilité grandissante de tuer l'organisme hôte qu'est la Civilisation. »
La Mauvaise Herbe vol.7 no.1


En attendant que nous devenions tous et toutes des chasseurs-cueilleurs, vous pouvez toujours en apprendre un peu plus sur « l'idéologie » primitiviste et sur leur "gourou" idéologique, John Zerzan, en lisant l'excellente critique en anglais d'Andrew Flood, un camarade de la Workers Solidarity Movement.

Une traduction approximative en français a aussi été faite.

mardi, avril 15, 2008

La crise alimentaire en chiffres...

La BBC a mis en ligne des tableaux/graphiques intéressants qui démontrent bien l'ampleur de la crise alimentaire actuelle(voir le billet précèdent). Ces chiffres démontrent par eux-même l'horreur de la crise alimentaire provoqué en grande partie partie par la spéculation boursière et tous ces grands idéologues de la Banque Mondiale et du FMI...


The cost of food: facts and figures

Explore the facts and figures behind the rising price of food across the globe.



Line graphs showing rising food prices 2005-07 and price rises by food type, 2007
Dans ce graphique, 100 représente le coût des aliments entre 1998-2000. On peut se rendre compte que le prix global a augmenté de 80%, durant les seules années 2005 à 2007, et que le prix de certains aliments, tel que les produits laitiers, a triplé durant cette période.


Graphic illustrating price rises in corn, rice, soya and wheat

Bar chart of US ethanol production 1995-2016, and image of tractor in field


L'augmentation du prix du pétrole, a provoqué une hausse de la production d'éthanol et de bio-carburant, entraînant à son tour des hausses catastrophiques en 1 an du prix des céréales (130% pour le blé!!).

Graphic showing world population growth 1950-2050



L'augmentation exponentielle de la population provoquera à son tour une hausse de la demande en céréale, ce qui ne fera qu'accroître la crise alimentaire dans les prochaines décennies.


Graphic showing change in Chinese meat consumption and pressure on water resources driven by wheat and beef production

En presque 3 décennies, la Chine a augmenté sa consommation moyenne de viande de 20 à 50kg par habitants/an. Avec une population de l'ordre du milliard, les besoins en céréales et en eau pour nourrir le bétail augmentent donc de façon alarmante.


Map of global wheat production


Map showing projected change in global balance of trade




Avec l'augmentation du prix des aliments de base, les pays en rouge sont actuellement les plus grands perdants au niveau de la balance commercial. Soit principalement, l'Afrique, le sud ouest Asiatique et l'Amérique latine...

lundi, avril 14, 2008

La grande révolution maoïste au Népal sera...une révolution capitaliste!

Au Népal, les ex-rebelles maoïstes sont en ce moment sur le point de devenir le premier parti de l'assemblée constituante, élue jeudi, qui permettra la transformation de la monarchie en République et contraindra le roi à abdiquer. Les maoïstes ont gagné ou sont en tête dans 98 conscriptions actuellement. Ils sont d'ailleurs sur le point d'obtenir une majorité simple, devançant même les vieilles formations politiques que sont le Congrès et le parti communiste du Népal marxiste-léniniste unifié (centre gauche). (source)

On se souviendra que la guerre populaire mené au Népal par le Parti communiste népalais d'obédience maoïste est considéré comme "(...) un brillant espoir non seulement pour les masses népalaises mais aussi pour l'ensemble du prolétariat international et des peuples opprimés (...)"!(PCR(Co)--Arsenal no.2).

Le Journal Le Monde, publiait cette semaine, un entretien avec le grand idéologue maoïste Népalais, Baburam Bhattarai, le bras droit du no.1 du parti. Selon cet entretien, l'un des points forts de leur programme révolutionnaire, serait d'ailleurs "(...) d'initier une politique transitoire dominée par la révolution capitaliste (...)"!Ah oui! La fameuse période de transition qui après des années de propagande finira par devenir la fameuse révolution tant souhaitée...

Après l'accord de paix en 2006, qui a mis fin au conflit qui a fait plus de 13000 morts en 10 ans, les maoïstes népalais proclament maintenant que leur but à court et à moyen terme n’est ni le socialisme, ni même une social-démocratie, mais bien d'ériger un capitalisme triomphant!!Pour une révolution encensée par les partis maoïstes, comme étant l'embryon de la nouvelle vague de la révolution mondiale qui se lève avec de plus en plus de force, et qui devait permettre de construire un nouveau monde enfin libre de toute forme d'exploitation, on peut dire que c'est plutôt mal parti.

Après Révolution, seule solution est ce que le modo des maoïstes népalais est devenu consommation seule solution?
Après Staline, Mao, Pol Pot etc..combien faudra-t-il encore d'exemple désastreux et de génocides afin de démontrer aux militants que le maoïsme n'est en rien un espoir pour les masses opprimées, mais bien une dictature instaurée et maintenue par la force?
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Voici l'article du journal le Monde...

Baburam Bhattarai reçoit dans une villa de trois étages aux tuiles rouges, située dans un faubourg de Katmandou où de modestes maisons en dur s'étagent à flanc de ravine. A observer la galerie de portraits de saints rouges qui orne son salon, on se dit que cet homme-là, numéro deux du Parti communiste népalais d'obédience maoïste (PCN-M), doit être un sacré dogmatique. Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao : l'affichage des références est clair. Yeux mi-clos, fine moustache coiffant une lippe sévère, Baburam Bhattarai affecte la sécheresse des anciens guérilleros modelés par la vie dans le maquis.

Et pourtant, l'homme maîtrise avec brio les contorsions de la dialectique. Ce n'est probablement pas un hasard si cet ancien étudiant en architecture, titulaire d'un doctorat à l'université Jawaharlal Nehru (JNU) de New Delhi, grand amateur de jeu d'échecs, passe pour l'idéologue du maoïsme népalais. A 53 ans, il est devenu un personnage-clé, au côté du numéro un du parti, Pushpa Kamal Dahal, alias "Prachenda" (le Terrible), de la recomposition de la vie politique du Népal autour d'un calendrier républicain qu'ils ont su imposer aux partis traditionnels sous la menace des armes.

M. Bhattarai respire la confiance. Il est sûr de son affaire : abolir la monarchie et accéder au pouvoir. Il est même si confiant dans la bonne étoile - rouge - du PCN-M, qu'il peut s'offrir le luxe de polir le jargon révolutionnaire. Puisque le pouvoir, croit-il, est proche et qu'il va encore falloir quelques utiles marchepieds pour s'en saisir, il faut savoir tendre la main, se montrer accommodant. Ainsi, si "l'abolition de la monarchie" et "l'élimination du féodalisme" reviennent comme des leitmotivs dans son discours, il parle assez étrangement peu du "socialisme".

"POLITIQUE TRANSITOIRE"

Certes, l'objectif demeure à "long terme", mais, en attendant, la priorité sera d'initier une "politique transitoire" dominée par la "révolution capitaliste". Ironie suprême, les maoïstes ont donc vocation, si l'on comprend bien M. Bhattarai, à implanter le capitalisme au Népal ! "Nous ne nationaliserons pas la grosse industrie et nous respecterons la libre entreprise", annonce-t-il. L'offensive de charme à l'endroit des patrons a d'ailleurs commencé : les dirigeants du PCN-M viennent de rencontrer le bureau de la Fédération de l'industrie et du commerce. " précise-t-il, Nous les avons rassurés,et ils sont prêts à travailler avec nous." Une telle ouverture n'est-elle pas en flagrante contradiction avec le marxisme-léninisme orthodoxe professé par le PCN-M ? "Absolument pas", proteste M. Bhattarai. "Marx, Engels et Lénine ont déjà écrit sur le sujet, explique-t-il. Entre le féodalisme et le socialisme, il y a le capitalisme. Or il n'y a pas encore de capitalisme au Népal. Il faut donc le développer."

D'ailleurs, l'idéologue du PCN-M se méfie désormais des modèles. S'il vénère toujours Mao - un buste en porcelaine du Grand Timonier trône sur une table du salon -, il dit vouloir "aller au-delà de Mao". "Nous devons élaborer notre propre modèle, souligne-t-il. Le marxisme n'est pas une religion, c'est une science. Nous voulons développer le marxisme." Et ce "marxisme à développer" s'accommodera-t-il de la démocratie ?

M. Bhattarai dit accepter le "système multipartite compétitif". Bien sûr, les maoïstes, critiques d'un système parlementaire de type Westminster, "source d'instabilité", veulent réformer les institutions pour instaurer un "régime présidentiel à la française". Mais M. Bhattarai assure n'avoir rien contre la démocratie. Intoxication ? Conversion sincère ? L'histoire jugera assez rapidement.

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Aussi, si cela vous intéresse, vous pouvez lire le message de solidarité du PCR(co) à l'occasion du 8ième anniversaire de la guerre au Népal, paru dans la revue
Arsenal...
Parlent-ils de la même révolution?

Chers camarades,

Nous vous adressons nos chaleureuses salutations à l'occasion du 8e anniversaire du déclenchement de la guerre populaire.

Partis de presque rien, mais armés de ce qui est le plus important - un Parti, une ligne idéologique et une ligne politique correctes, ainsi qu'un lien profond et soutenu avec les larges masses populaires - les combattantes et combattants de ce qui allait devenir la puissante et glorieuse Armée populaire de libération ont entrepris avec beaucoup de courage un combat long et ardu qui représente aujourd'hui un brillant espoir non seulement pour les masses népalaises mais aussi pour l'ensemble du prolétariat international et des peuples opprimés.

En avançant constamment dans la lutte contre les classes réactionnaires et les puissances impérialistes qui les soutiennent et en construisant, pas à pas, un nouveau pouvoir populaire, les masses opprimées népalaises dirigées par votre Parti ont établi une base d'appui solide au service de la révolution mondiale.

Les succès considérables que vous avez d'ores et déjà remportés prouvent une fois de plus, comme le disait Mao, qu'une cause juste bénéficie toujours d'un large soutien, et que lorsqu'elle est menée correctement, il est possible de combattre et de l'emporter même contre les ennemis les plus despotiques et dans les conditions les plus difficiles qui soient.

La guerre populaire que vous menez depuis maintenant huit ans constitue une démonstration vivante de la grande puissance du marxisme-léninisme-maoïsme, i.e. de l'idéologie du prolétariat international renforcée par l'expérience de plus de 150 ans de lutte pour le socialisme et le communisme.(Pour lire la suite).

Un peu paradoxal non??

vendredi, avril 11, 2008

Les Algonquins refusent de rester invisibles

Au nord-ouest de l’île de Montréal, dans la très connue Réserve faunique La Vérendrye, des agents de la Sûreté du Québec (SQ) surveillent la beaucoup moins connue réserve algonquine du lac Barrière. Environ 400 autochtones y vivent dans une enclave au coeur de leur territoire ancestral, au milieu de la forêt boréale. Le 10 mars 2008, quatre hommes y ont été arrêtés par les policiers. Leur délit: la coupe d’arbres en vue d’ériger une barricade à l’entrée de la réserve.

Ces arbres devaient empêcher le passage de Casey Ratt et de son Conseil de bande, nouvellement reconnu chef intérimaire de la communauté par le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada (MAINC). Cette légitimation du gouvernement fédéral arrivait quelques jours après que la majorité des membres de la communauté se soit prononcée contre M. Ratt et son conseil et que ces derniers, inquiets pour leur sécurité, aient quitté temporairement la réserve. Le 11 mars, escorté par des agents de la SQ, le leader de la faction minoritaire rentrait au bercail dans le chaos. «Je savais qu’ils ne nous attendraient pas les bras ouverts», a affirmé M. Ratt au Ottawa Citizen.

Une vingtaine de personnes étaient en effet rassemblées à l’entrée de la réserve pour lui signifier qu’il n’était pas le bienvenu. Les manifestants ont tenté de bloquer le passage et brandissaient des affiches qualifiant M. Ratt et son conseil de bande de «pantins du gouvernement» et dénonçant les interventions de la SQ, qu’ils accusent de partialité favorisant la faction minoritaire.

Avec la protection des policiers, M. Ratt et son groupe ont réussi à traverser la foule d’opposants et à entrer dans la réserve. Les agents de la SQ ont utilisé des vaporisateurs de poivre et des matraques pour contrôler les manifestants. Dix personnes ont été arrêtées, dont deux mineurs.

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mardi, avril 08, 2008

On a faim! : Crise alimentaire et luttes de classes sur 3 continents.


Ces derniers mois, le prix du riz et de plusieurs denrées alimentaires de base, tel que la farine, a augmenté de manière exponentielle. Le riz qui consiste en l'essentiel de l'alimentation de plusieurs milliards d'habitants en Asie, en Afrique et en Amérique, a augmenté de plus de 30% la tonne, soit 760$, ce qui équivaut au double du prix qu'il coûtait en janvier. D'ailleurs, dans les 5 dernières années, son prix a quadruplé. Des hausses qui créent de plus en plus de pénuries et de problèmes sociaux catastrophiques dans les pays importateurs, dont certains sont les plus pauvres de la planète.

Cette pénurie serait attribuable à plusieurs facteurs dont la disparition des terres cultivables, l'urbanisation ainsi que la désertification accrue. La demande croissante de nourriture pour les animaux est aussi l'un des facteurs majeurs. La hausse de production de biocarburant serait aussi l'une des problématiques majeures, dans des pays tel que l'Indonésie, allant même jusqu'à nuire au fragile équilibre alimentaire de ce pays. Aux États-Unis, par exemple, la conversion dans les dernières années de 18% des terres en réservoir à biocarburant, suffirait à nourrir 250 millions d'habitants pour les 2 prochaines années (source). Et même si la nourriture est disponible sur les étalages, la flambée de ces prix, empêche la population de pouvoir se procurer le minimum afin de survivre, dans de nombreux pays!! Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a même avoué que la crise actuelle n'était pas un phénomène temporaire et qu'elle devrait s'étendre sur plusieurs années. Mais peu de journaux mainstreams osent, par contre, parler de la spéculation boursière sur les marchés internationaux, par les grands capitalistes et qui est supportée par les politiques néolibéralistes et néocolonialistes des pays occidentaux...

Crise alimentaire et luttes de classes sur 3 continents

Selon la Banque Mondiale, une trentaine de gouvernements en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud risque de connaître de graves instabilités politiques et sociales en raison de la hausse des prix de la nourriture de base. Dans les pays en développement, l'alimentation représente jusqu'à 70% des salaires, contre 15% dans les pays développés.

Du côté Africain...

On peut par ailleurs constater, depuis quelques semaines, les nombreuses émeutes liées à la disponibilité de la nourriture dans des pays tels le Burkina Faso, l'Égypte, l'Indonésie, la Côte d'Ivoire, la Mauritanie, le Cameroun, le Mozambique, le Sénégal, la Guinée Conakry et Haïti.

Au Burkina Faso, en février, à la suite de la hausse de mesures fermes instaurés par l'État, qui a provoqué une hausse de 10 à 65% du prix des denrées de base, des émeutes ont éclatées dans les 4 plus grandes villes soient Ougadougou, Ouhigouya, Banfora et Bobo-Dioulasso, où les manifestants s'en sont pris aux bureaux du gouvernement et incendiés des voitures, des boutiques et des stations service. Dans cette dernière, 100 émeutiers ont d'ailleurs été arrêté après avoir lancé des pierres sur une délégation gouvernementale qui voulait tenter une médiation (source)

La Guinée Conakry, autre pays d’Afrique de l’Ouest, est maintenant considéré comme l'un des pays les plus instables du monde en raison des cinq émeutes anti-gouvernementales successives qui ont eu lieu à l’échelle nationale ces 18 derniers mois. Des émeutes elles aussi provoquées par le mécontentement des masses face à la hausse du coût de la vie (source).

En novembre, la Mauritanie a été en proie à de nombreuses manifestations violentes afin d'exiger
la mise en place de politiques économiques efficaces pour améliorer leurs qualités de vie. Des manifestations d'étudiants ont été signalées à Aleg la capitale, Rosso, Selibaby et Zouérate. A Zouérate, au nord du pays, des étudiants ont allumé des pneus dans des rues du centre de la ville. Les forces de l'ordre sont alors intervenues et ont dispersé les manifestants. A Selibaby, des sources locales ont rapporté que l'armée s'était déployée dans la ville après que des accrochages violents ont opposé les étudiants et les forces de polices. Une personne a été blessée dans ces accrochages et trois autres ont été arrêtées. 300 personnes (parmi lesquelles des personnes âgées, des étudiants et des commerçants) ont été arrêtés à Djigeny et y étaient toujours, récemment, détenus dans des conditions déplorables (source).

La Côte d'Ivoire a aussi vécu des émeutes de 48 heures, qui se sont soldées par la mort de 2 manifestants par les forces de répression (source).

Même scénario au Cameroun, en février où les émeutes de la faim, réprimées par les forces de l'ordre ont faits plus de 40 victimes. De plus, 729 personnes ont été à ce jour condamnées à des amendes ou à des peines de prison allant de trois mois à six ans. Leur seul crime étant d'avoir été affamé! (source).

Au Mozambique, des émeutes de quelques jours en réponse à une hausse de 25% du coût du transport en commun ont éclatées en février. Les émeutes qui ont éclaté dans plusieurs quartiers pauvres de la capitale mozambicaine se sont soldées par un mort et 63 blessés, dont 25 ont été atteints par des balles tirées par la police (source).

En septembre au Maroc, une hausse de 30% du prix du pain au lendemain des élections a aussi provoqué des affrontements entre les 2 500 habitants et les forces de l’ordre de Sefrou. Un bilan de 300 blessés, et d'une quarantaine de manifestants incarcérés (source).

Au Sénégal, au début du mois d'avril, une manifestation contre la "vie chère", déclarée illégale par l'état, s'est transformée en émeute après que les policiers aient commencé à balancer des gaz lacrymogènes sur la foule. Quelques dizaines d'arrestations ont été rapportées (source).

En Égypte, cette semaine des émeutes de la faim ont aussi éclatées après qu’une grève projetée par des ouvriers de la plus grande usine de textile Égyptienne, la compagnie Misr Spinning et Weaving, a été réprimée. Pour exprimer leur mécontentement, les émeutiers ont lancé des pierres vers des magasins et des banques et ont mis le feu à un poste de police et des installations scolaires. Les manifestants réclamaient des hausses de salaires pour compenser la cherté de la vie. En Égypte, 44% de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Une centaine de personnes ont été blessées dans des accrochages avec les force de répression (source).

En Asie

Du côté asiatique l'Ouzbékistan et l'Indonésie, pour ne nommer que ceux-ci, ont aussi été touché par les émeutes contre les augmentations de prix décidées par leurs gouvernements.

A Manille, capitale des Philippines, l'armée a été déployée pour superviser la distribution de vivres dans les quartiers pauvres. En Inde, le gouvernement mène une guerre féroce contre le marché noir. Même Singapour n'a pas été épargnée et des dizaines de personnes sont allées jusqu'à braver l'interdiction de manifester. En Thaïlande, premier exportateur mondial de riz, les autorités ont dû démentir fermement les rumeurs d'une pénurie pour éviter la panique. L'armée garde les rizières.

La consommation de viande et de produits laitiers augmente en Asie, ce qui accroît les besoins de l’industrie de l’alimentation animale. Le prix du lait en poudre est passé de 2000 à 4800 dollars la tonne l’an dernier, car la hausse de la consommation des produits laitiers en Asie a coïncidé avec une pénurie dans le monde occidental. La sécheresse en Australie a aggravé le problème de même que les politiques gouvernementales en Europe et en Amérique en faveur du développement de l’utilisation des biocarburants (source).

En Amérique

Les premières émeutes de la faim ont eu lieu au début de 2007 au Mexique, où le maïs et le blé, ingrédients nécessaires pour les tortillas avaient augmenté de plus de 40% par rapport à l'année précédente (source).

La semaine dernière à Haïti, des émeutes ont aussi éclatés dans plusieurs villes. Une personne a été tuée par balle hier s'ajoutant aux 4 morts et à la trentaine de blessés par balle et arme blanche de la semaine dernière, au cours de manifestations dénonçant la pauvreté et le coût de la vie.
"À Port-au-Prince, un millier de manifestants se sont rassemblés devant le Palais national, siège de la présidence haïtienne, et devant le Parlement. Des vitres de véhicules ont été cassées par des manifestants scandant des slogans dénonçant la vie chère et la misère, devant le ministère du Commerce."
En plus des manifestations, une grève des chauffeurs des véhicules de transport collectif, a paralysé la ville. Dans le sud du pays, des installations de l'ONU ont été attaquées, des véhicules des Nations unies ont été incendiés et un bâtiment détruit. Vendredi dernier, au moins quatre personnes ont été tuées et quinze blessées aux Cayes, lors de pillages de camions de nourriture et de dépôts alimentaires (source).

En perspective

Cette liste loin d'être exhaustive démontre une fois de plus la finalité du capitalisme, le profit maximal au détriment des droits les plus fondamentaux et de la vie de milliards d'individus. Les transnationales et les bourgeois de ce monde se foutent bien de nos vies, bien à l'abri derrière leurs armées et leur flics bien armés réprimant les populations en colère. Une lutte de classe qui se solde par des milliers, sinon des millions de victimes sous les balles, la maladie et la faim.

Pour l’instant, la grande majorité des pays touchés sont parmi les pays les plus pauvres. Par contre, certains pays plus industrialisés, tels que l’Inde et Singapour, commencent à leur tour à subir le choc de la spéculation financière sur les denrées de première nécessité. Qu’en sera-t-il lorsque les pays occidentaux seront à leur tour touché par cette crise alimentaire? Et bien à notre tour, nous serons aussi mâter à coup de matraque, de balle en caoutchouc et de gaz lacrymogène. Et si ca ne suffisait pas? Alors, l’État afin de survivre nous enverra l’armée, comme l’histoire nous l’a démontré à de multiples reprises. Bien sûr, l’État, la Banque Mondiale et le FMI, tenteront de nous imposer des réformes et des programmes alimentaires bidon, mais si cela ne suffisait pas? Et si notre classe désirait une bonne fois pour tout plus que les miettes de leur festin? Nous n’avons d’autre choix que d’entrevoir une guerre de la faim qui n’aura pour finalité qu’une guerre de classe violente.

Seul la guerre sociale et le renversement de ce capitalisme meurtrier pourra y changer quelque chose. L'abolition des marchés et de la valeur d'échange permettra la satisfaction des humains en adhérant au principe de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins.

Ya Basta!

Yankee go home!

Les camarades de la FdCA(Federazione dei Comunisti Anarchici) italienne sont en plein coeur d'une lutte dans leur communauté, afin d'empêcher la construction d'une base militaire étatsunienne à Vicence en Italie. La base qui couvrirait entre 500 000 m2 et 1 250 000 m2 accueillerait la 173ième brigade aéroportée se trouvant à Aviano (d'où décollaient les avions qui bombardaient la Serbie) et en Allemagne. Un texte intéressant, traduit par les camarades d'Alternative Libertaire, qui décrit bien l'implication des communistes libertaires de la FdCA au sein de ce mouvement de masse, auto-organisé et démocratique.

Le projet de construire une base militaire étasunienne autour du petit aéroport de Dal Molin à Vicence a provoqué l’essor d’un mouvement de masse auto-organisé qui agite le nord est de l’Italie. Cette lutte exemplaire où sont investi-e-s nos camarades de la FdCA laisse espérer un renouveau de l’antimilitarisme dans la péninsule et au-delà.

L’affaire de la base militaire de Dal Molin est née il y a deux ans, d’un accord secret entre le gouvernement Berlusconi, alors au pouvoir, et le maire de Vicence. L’accord portait sur l’accueil d’une nouvelle base américaine, dans une zone d’environ 500 000 m2 (qui pourraient devenir 1 250 000 m2 si on considère l’aéroport lui-même) actuellement verte et totalement entourée par la ville, une superficie supérieure à celle de sa propre zone industrielle. C’en était trop pour une cité qui, jusqu’à présent, avait supporté sans trop se plaindre, tant d’autres installations militaires dans l’agglomération : la caserne Ederle, le site Pluto à Longare, la base de Tormeno, les entrepôts de Torri, la zone d’habitation de Vicence est, la Gendarmerie européenne…

La nouvelle base servirait aux Etats-Unis à réunir en un seul lieu la 173ème brigade aéroportée, qui se trouve aujourd’hui en partie à Aviano [1] et en partie en Allemagne. L’objectif étasunien est d’intervenir rapidement dans la région du Moyen-Orient, riche en ressources énergétiques stratégiques. Vicence, selon ce plan, serait donc destinée à devenir un nœud très important pour le nouvel ordre militaire mondial.

Un mouvement bigarré mais uni

Les comités, nés ces dernières années, ont été capables de se coordonner et d’unifier les multiples raisons du « Non » à la base : de l’antimilitarisme à l’écologie [2] ; en passant par la sécurité [3] et les raisons économiques, car contrairement au passé, il est estimé que les retombées en terme d’emplois seraient minimes. Elles ne compenseraient sûrement pas le poids des dépenses d’urbanisme que la base, de par son statut d’extra-territorialité, ne payerait pas. Il s’est ainsi construit un mouvement large et bigarré. Un mouvement capable d’organiser trois grandes manifestations nationales en deux ans, qui ont fait descendre dans la rue des centaines de milliers de personnes de toute l’Italie (démontrant une excellente capacité à gérer la cité). Un mouvement capable également d’actions rapides et symboliques comme la plantation de 150 arbres dans le périmètre de la base bloquant les travaux de terrassement.

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